20 décembre 1848 : une date majeure pour le créole réunionnais

Dernière mise à jour : 24/12/2019

Il y a 58 langues créoles dans le monde dont une à la Réunion. Notre société, basée à la Réunion, est fière de faire partie des quelques 74 487 239 individus créolophones sur Terre. Le 20 décembre 1848 est une date importante ! Voyez comment elle a bouleversé la société réunionnaise et son créole. 

58 langues créoles dans le monde, 1 à la Réunion

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Un créole de tous les horizons

L'esclavage et son abolition

Une date symbolique pour toute la Réunion et pour Datarocks. Le 20 décembre marque la déclaration de l’abolition de l’esclavage à la Réunion par Joseph Napoléon Sébastien Sarda-Garriga. Nommé par Victor Schœlcher commissaire général de la République à la Réunion, il arrive sur l'île le 13 octobre 1848. Dès le 19 octobre 1848 Sarda Garriga fait enregistrer la promulgation du décret d'abolition par la cour d'appel. Il va alors effectuer le tour des propriétés de l’île pour préparer les propriétaires et les esclaves à la fin de cette pratique vieille de plus de 150 ans sur l’île. Au matin du 20 décembre 1848, sur la place du Barachois, dans un discours éloquent, il proclame l’abolition définitive de l’esclavage. C’est alors 60 800 esclaves qui deviennent libres !

Avant 1848

Les esclaves présents à la Réunion sont principalement originaires d’Afrique australe, d’Afrique de l’est (Mozambique et Golfe d'Aden) ainsi que de Madagascar. On y retrouve également des indiens (la première trace de vente d'esclave sur l'île concerne un indien de 12ans en 1687) et des comoriens ! Ces populations sont arrivées avec leurs langues et ont été contraintes à apprendre le français. L’île était alors empreinte de langue malgache, de swahili, d’indo-portugais et de divers langues régionales françaises ( Anjou, Maine, Breton…). 

C’est dans ce contexte que naquit les balbutiements de la langue créole. Des mots créoles telles que " vouv ", " zourite ", " kalou ", " maf ", " voulvoul " ou encore " totoche " proviennent du malgache. Du malgache est aussi issu l’énumération en créole. Un exemple pour mieux comprendre : « Son sac la tombé, tout’ son kanèt la chapé ». Ici, nous parlons d’un sac et d’une certaine quantité de billes. Vous remarquerez qu'il n'y a pas de pluriel dans la phrase en créole !

Du swahili on retrouve par exemple " tchega " ( retrousser ses habits ) qui est devenu " séga " (un style musicale commun à la Réunion, à Maurice, à Rodrigues, aux Chagos et aux Seychelles). Autre exemple, " macatia " qui provient de " mkate " qui signifie " pain ".

Des langues régionales françaises ont elles aussi contribué au créole réunionnais. Nous pouvons citer :  " mok " (conserve) issu du normand, " ragoulé " qui provient de la langue du Maine, " kanèt " qui est issu des langues de l’ouest de la France ou encore « Barachois » qui tire son origine d’un mot basque, " barra-txoa " ( crique, petite baie ). Le socle du créole réunionnais est le français. L'influence du français est donc majeure!

Après 1848

Peu avant l’abolition de l’esclavage, près de 3 000 travailleurs venus d’Inde arrivent sur l’île par le biais de l’engagisme. Le jour même de l’abolition de l’esclavage ils sont 500 à débarquer à la Réunion ! C’est à la suite du 20 décembre 1848 que leur nombre va croître sur l’île. De 1848 à 1860 ils seront plus de 47 000 à fouler le sol de la Réunion. De 1860 à 1882, l’île est autorisée à recruter jusqu’à 6 000 « coolies » chaque année. En 1880, l’engagisme indien est proscrit. Cela dit de 1888 à 1903 ils seront 5 054 à être introduits sur l’île. De nombreux créoles mots proviennent des langues indo-portugaises! " Bringèle ", le portugais " beringela " aurait été adopté en Inde sous la forme " brinjal ". " Karia " , du tamoul " kareya" ." Varangue " , du portugais " varango " qui désigne la logia sur l'arrière des galions. " Goni ", issu de l'hindi " goni " qui signifie " sac ". " Carapate ",du portugais du Cap-Vert " carrapato "." Margoze " , d' " amargosa ", amer, en portugais )." Brède ", bredo qui désigne initialement le brède pariétaire ( ou amarante sauvage ) " . Dada ", de l'hindi, il désigne le plus grand frère. Ce ne sont que quelques exemples parmi tant d'autres.

Des travailleurs chinois sont également venus à la Réunion. Leur contribution au créole réunionnais tient surtout dans le domaine culinaire. C’est de cette façon que des mots comme " siave ", " petsay ", " sarcive " ou " lamtav " ( terme qui n'est quasiment plus utilisé pour désigner le rhum).

D'autres apports

La situation insulaire de la Réunion a favorisé l’enrichissement de son créole par des mots apportés par les marins et les colons passant des Antilles à l’Océan Indien. C’est ainsi que l’on retrouve des mots tels que " case ", " boug " ou " boucan " qui sont d’abord apparus aux Antilles. Par ailleurs des mots comme « amarrer » ou « souquer » proviennent du jargon de la marine.

Le 20 décembre est fortement lié à la construction du créole réunionnais, c’est pourquoi nous sommes fiers de vous avoir fait part de cette présentation de données interactive.